En cas d’amour
sortez vos ceintures
là...
exactement
non pas sous le siège
dans la poche kangourou
elles sont très pratiques
elles sont élastiques
et permettent des loopings extatiques
En cas d’amour
puis trouvez pour votre nez
le masque à gaz euphorique
spécial apnée prolongée
il reste encore pour le décor
des ailes de libellules
qui libèrent les particules
En cas d’amour
envolez-vous maintenant
vers des ailleurs
insoupçonnés
et revenez revigorés
partager vos beautés
En cas d’amour
arrière
arrière arrière derrière
on a tout oublié
on est restées collées
à cette puissante réalité
un leste de côté
le vent à tourné
Shéhérazade nous a parsemées
on est des rescapées
veux-tu que je te raconte une histoire ?
Je suis une arrière-petite-fille
des fées réchappées des bûchers
je ne le savais pas
ténu le fil retrouvé
il a fallu
renoncer, délier, déprogrammer
tout un programme à l’heure mouvementée
l’or noir des veuves avait encore sonné
on avait pas assez mangé
devant tant de dangers
il a fallu se résigner
et mettre au monde le chantier
de toutes ces beautés oubliées
alors on se reconnaît
on se réchauffe
on se réapprend à travers de l’envers
le carton-pâte a fondu
on se retrouve toutes nues
déesses enfouies au bord de l’infini
on avait pas osé goûté à la voie lactée
on avait fait de nous des dames de fer
avec tous nos travers
assurant à l’outrance même dans la démence
l’heure a sonné
de dévoiler
aujourd’hui
Vénus est à mes côtés
elle veille sur moi depuis bien avant
le commencement de mon corps
pas de mon âme
j’avais oublié que j’étais là
pour faciliter la créativité
et pourtant je l’avais déjà expérimenté
perplexe existence
L'influence du hasard
l'influence du hasard
sur le bruit des pétards
sur les odeurs des fleurs
sur les genoux de ta sœur
l'influence du hasard
sur la couleur des haillons
sur l'odeur des torpeurs
sur le toucher que tu effleures
l'influence du hasard
sur tes regards hagards
sur tes pas dans le noir
sur tes mains qui pianotent
l’influence du hasard
quand bien même il serait trop tard
l’influence du hasard
et quand y’a pas de lézard ?
tu bois la tasse
tu as cru qu’a marée basse
tu pouvais amasser
tous les coquillages
récoltés
t’as rien vu v’nir
la marée est montée
vite
trop
tes chevilles se sont
d’abord
emmêlées
t’as fait un pas de côté
le premier
tes genoux ont flanché
ils n’arrivent plus à te porter
ta taille s’est déhanchée
t’as de l’eau jusqu’au
plexus
ça malaxe à l’intérieur
la vague au cou
ton âme suffoque
à peine
tes yeux vitreux globullent
en patience
tes branchies se souviennent
et t’en perds ton latin
attends c’est pas fini
les courants concomitants
arrivent
t’as déjà perdu pied
maintenant t’as plus qu’à nager
avec les baleines éventrées
les plastiques non identifiés
les nappes incolores
les algues démoniaques
ha j’oubliais
tu ne sais pas flotter ?
il te reste donc l’apnée
qui vas-tu donc rencontrer
dans les profondeurs ?
t’inquiète
tu seras pas tout seul
une flopée de grands noyés
à tes côtés
"Marine use une fois de plus d'un langage à part, entre réalité brute et lyrisme, qui utilise tous les pouvoirs suggestifs de la langue pour nous offrir là des poèmes aussi surprenants que subversifs. Cette poète se laisse guider par des intuitions et la musique des mots qui font partie de son moi intérieur, et c'est peut être là, qu'est l'intérêt primordial de sa poésie..."
F. Mocaer, éditions Unicité


